« Le Poitou doit être une promesse »
Publié le 18/03/2018
Après quinze ans passés à la tête du Futuroscope, Dominique Hummel a quitté ses fonctions de directeur le 31 mars dernier. Avant son départ, il s’est plié de bonne grâce à un examen lucide des atouts et des faiblesses de la Vienne en termes d’attractivité.
Il vit en toute sérénité ses derniers jours dans le grand bureau de la direction du Futuroscope. Décontracté et souriant, Dominique Hummel parle d’attractivité du territoire comme si elle avait été le sujet d’une thèse de jeunesse. « Etre attractif, c’est donner envie. Et une fois que l’on a donné envie, transformer l’existant pour attirer encore plus l’attention et fidéliser. »
Ce qui ne ressemble, à première vue, qu’à une pensée toute personnelle prend les accents de la profession de foi lorsqu’on évoque le Futuroscope. Son désormais ex-directeur renvoie au delta de sa genèse, à cette « idée un peu folle » de créer ex nihilo un domaine dans lequel pourraient cohabiter le loisir, la recherche et l’innovation entrepreneuriale. « René Monory et ceux qui ont fait vivre le parc à sa suite ont réalisé une prouesse quasi unique en France : polariser l’intérêt sur un site off shore, n’ayant a priori aucune cohérence avec l’identité du territoire. L’image, les nouvelles technologies et la Vienne n’avaient, jusqu’en 1987, aucun lien connu. C’est sans doute ce qui lui a permis de se renouveler sans cesse. Transformer l’envie, c’est cela : l’innovation et l’imagination créatrice. »
Poitiers, ville ludo-pédagogique
Devenu le deuxième parc d’attractions payant de France, le Futuroscope est désormais un guide pour toute la Vienne. Pas seulement un vaisseau amiral touristique. « Sa réussite doit donner envie et insuffler des idées aux acteurs du territoire. » Notamment aux entreprises, dont Dominique Hummel loue l’engagement. « J’ai pu constater, notamment à travers l’organisation, ici-même, des deux premières éditions d’« Entreprises en Vienne, le RDV ! », que les patrons avaient besoin de se dessiner des projets, des ambitions collectives et parfois rompre avec leurs habitudes. Je reste persuadé que dans les vingt prochaines années, des vocations vont naître, pour faire adhérer l’activité économique du département au modèle de développement représenté par le Futuroscope. »
Il cite un exemple concret. « Demain appartiendra à la réalité augmentée et virtuelle. Elle peut révolutionner l’appréhension qu’ont les gens du patrimoine local. Pourquoi ne pas envisager la mise en place de programmes de R&D, ici, sur la Technopole, travaillant sur la mise en lumière et la communication par l’image des somptueux bâtiments dont regorge Poitiers ? Je crois en cette idée de ville ludo-pédagogique. Pourquoi, encore, ne pas envisager la création d’une belle école dédiée à ces mêmes technologies de l’image. Si une vraie réflexion s’engage sur ce sujet, je pense que le Futuroscope pourra, à l’avenir, apporter encore davantage au développement et à l‘attractivité de la Vienne qu’il ne le fait aujourd’hui. »
Dominique Hummel irradie tous azimuts. Evoquant la nécessité d’une professionnalisation de la communication publique-privée sur les atouts du territoire. Encourageant le tissu entrepreneurial local à tisser des passerelles et des collaborations, au cœur d’une grande région dont il ne doit pas avoir peur, mais au contraire « qui peut l’aider à grandir ». Militant pour la transformation de la « niche romane » de notre chef-lieu en « une marque identitaire, populaire et fédératrice ». « Le Poitou est une adresse, il doit devenir une promesse. » La première est connue, la seconde doit être reconnue.